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julien laurent jacob normal pdg 2 293 2007-07-21t15:38:00z 2007-07-21t15:38:00z 1 18948 104214 868 245 122917 11.5606 75 clean clean 21 false false false microsoftinternetexplorer4 le cid 1637 de pierre corneille pice de thtre en v actes en vain contre le cid un ministre se ligue tout paris pour chimne a les yeux de rodrigue lacadmie en corps a beau le censurer : le public rvolt sobstine ladmirer. satires ix (v.231 234 ) 1667 nicolas boileau ( paris , samedi 1 novembre 1636 - paris, vendredi 13 mars 1711 ) actrices chimene , fille de don goms dona urraque , infante de castille leonor , gouvernante de linfante elvire , gouvernante de chimne acteurs don rodrigue , amoureux de chimne don diegue , pre de don rodrigue don gomes , comte de gormas , pre de chimne don fernand , premier roi de castille don sanche , amoureux de chimne don arias , gentilhomme castillan acte premier scne premire - chimne, elvire chimne elvire, m'as-tu fait un rapport bien sincre ? ne dguises-tu rien de ce qu'a dit mon pre ? elvire tous mes sens moi-mme en sont encore charms : il estime rodrigue autant que vous l'aimez, 5 et si je ne m'abuse lire dans son me, il vous commandera de rpondre sa flamme. chimne dis-moi donc, je te prie, une seconde fois ce qui te fait juger qu'il approuve mon choix ; apprends-moi de nouveau quel espoir j'en dois prendre ; 10 un si charmant discours ne se peut trop entendre ; tu ne peux trop promettre aux feux de notre amour la douce libert de se montrer au jour. que t'a-t-il rpondu sur la secrte brigue que font auprs de toi don sanche et don rodrigue ? 15 n'as-tu pas trop fait voir quelle ingalit entre ces deux amants me penche d'un ct ? elvire non, j'ai peint votre cur dans une indiffrence qui n' enfle d'aucun d'eux ni dtruit l'esprance, et sans les voir d'un oeil trop svre ou trop doux, 20 attends l'ordre d'un pre choisir un poux. ce respect l'a ravi, sa bouche et son visage m'en ont donn sur l'heure un digne tmoignage, et puisqu'il nous en faut encore faire un rcit, voici d'eux et de vous ce qu'en hte il m'a dit : 25 elle est dans le devoir, tous deux sont dignes d'elle, tous deux forms d'un sang noble, vaillant, fidle, jeunes, mais qui font lire aisment dans leurs yeux l'clatante vertu de leurs braves aeux. don rodrigue surtout n'a trait en son visage 30 qui d'un homme de cur ne soit la haute image, et sort d'une maison si fconde en guerriers, qu'ils y prennent naissance au milieu des lauriers. la valeur de son pre en son temps sans pareille, tant qu'a dur sa force, a pass pour merveille ; 35 ses rides sur son front ont grav ses exploits, et nous disent encore ce qu'il fut autrefois. je me promets du fils ce que j'ai vu du pre ; et ma fille, en un mot, peut l'aimer et me plaire. il allait au conseil, dont l'heure qui pressait 40 a tranch ce discours qu' peine il commenait ; mais ce peu de mots je crois que sa pense entre vos deux amants n'est pas fort balance. le roi doit son fils lire un gouverneur, et c'est lui que regarde un tel degr d'honneur ; 45 ce choix n'est pas douteux, et sa rare vaillance ne peut souffrir qu'on craigne aucune concurrence. comme ses hauts exploits le rendent sans gal, dans un espoir si juste il sera sans rival ; et puisque don rodrigue a rsolu son pre 50 au sortir du conseil proposer l'affaire, je vous laisse juger s'il prendra bien son temps, et si tous vos dsirs seront bientt contents. chimne il semble toutefois que mon me trouble refuse cette joie, et s'en trouve accable : 55 un moment donne au sort des visages divers, et dans ce grand bonheur je crains un grand revers. elvire vous verrez cette crainte heureusement due. chimne allons, quoi qu'il en soit, en attendre l'issue. scne ii - l'infante, lonor l'infante lonor , dites chimne de ma part 60 qu'aujourd'hui pour me voir elle attend un peu tard, et que mon amiti se plaint de sa paresse. lonor madame, chaque jour mme dsir vous presse ; et dans son entretien je vous vois chaque jour demander en quel point se trouve son amour. l'infante 65 ce n'est pas sans sujet : je l'ai presque force recevoir les traits dont son me est blesse. elle aime don rodrigue, et le tient de ma main, et par moi don rodrigue a vaincu son ddain ; ainsi de ces amants ayant form les chanes, 70 je dois prendre intrt voir finir leurs peines. lonor madame, toutefois parmi leurs bons succs vous montrez un chagrin qui va jusqu' l'excs. cet amour, qui tous deux les comble d'allgresse, fait-il de ce grand cur la profonde tristesse, 75 et ce grand intrt que vous prenez pour eux vous rend-il malheureuse alors qu'ils sont heureux ? mais je vais trop avant, et deviens indiscrte. l'infante ma tristesse redouble la tenir secrte. coute, coute enfin comme j'ai combattu, 80 coute quels assauts brave encore ma vertu. l'amour est un tyran qui n'pargne personne : ce jeune cavalier, cet amant que je donne, je l'aime. lonor vous l'aimez ! l'infante mets la main sur mon cur, et vois comme il se trouble au nom de son vainqueur, 85 comme il le reconnat. leonor pardonnez-moi, madame, si je sors du respect pour blmer cette flamme, une grande princesse ce point s'oublier que d'admettre en son cur un simple cavalier ! et que dirait le roi, que dirait la castille ? 90 vous souvient-il encore de qui vous tes fille ? l'infante il m'en souvient si bien que j'pandrai mon sang, avant que je m'abaisse dmentir mon rang. je te rpondrais bien que dans les belles mes le mrite seul a droit de produire flamme ; 95 et que si ma passion cherchait s'excuser, mille exemples fameux pourraient l'autoriser : mais je n'en veux pas suivre o ma gloire s'engage ; la surprise des sens n'abat pas mon courage ; et je me dis toujours qu'tant fille de roi 100 tout autre qu'un monarque est indigne de moi. quand je vis que mon cur ne pouvait se dfendre, moi-mme je donnai ce que je n'osais prendre. je mis, au lieu de moi, chimne entre ses liens, et j'allumai leurs feux pour teindre les miens. 105 ne t'tonne donc plus si mon me gne avec tant dimpatience attend leur hymne ; tu vois que mon repos en dpend aujourd'hui. si l'amour vit d'espoir, il prit avec lui ; c'est un feu qui s'teint, faute de nourriture ; 110 et malgr la rigueur de ma triste aventure, si chimne a jamais rodrigue pour mari mon esprance est morte, et mon esprit guri. je souffre cependant un tourment incroyable : jusqu cette union rodrigue m'est aimable, 115 je travaille le perdre, et le perds regret; et de l prend son cours mon dplaisir secret. je vois avec chagrin que l'amour me contraigne pousser des soupirs pour ce que je ddaigne ; je sens en deux partis mon esprit divis : 120 si mon courage est haut, mon cur est embras. cette union m'est fatale, je la crains, et la souhaite : je n'ose nen esprer qu'une joie imparfaite. ma gloire et mon amour ont pour moi tant d'appas, que je meurs s'il s'achve ou ne s'achve pas. lonor 125 madame, aprs cela je n'ai rien vous dire, sinon que de vos maux avec vous je soupire : je vous blmais tantt, je vous plains prsent. mais puisque dans un mal si doux et si cuisant votre vertu combat et son charme et sa force, 130 en repousse l'assaut, en rejette l'amorce, elle rendra le calme vos esprits flottants. esprez donc tout d'elle, et du secours du temps, esprez tout du ciel, il a trop de justice pour laisser la vertu dans un si long supplice. l'infante 135 ma plus douce esprance est de perdre l'espoir. leonor par un heureux hasard, chimne vient vous voir. l'infante allez l'entretenir en cette galerie. lonor voulez-vous demeurer dedans la rverie ? l'infante non, je veux seulement, malgr mon dplaisir, 140 remettre mon visage un peu plus loisir. je vous suis. juste ciel, d'o j'attends mon remde, mets enfin quelque borne au mal qui me possde : assure mon repos, assure mon honneur. dans le bonheur d'autrui je cherche mon bonheur : 145 cet hymne trois galement importe ; rends son effet plus prompt, ou mon me plus forte. d'un lien conjugal joindre ces deux amants, c'est briser tous mes fers et finir mes tourments. mais je tarde un peu trop, allons trouver chimne, 15